Croiser Mikod était un véritable encouragement. D'autant qu'elle lui avait permis de se débarrasser de cette sensation qu'on lui avait enfoncé un bouchon dans l'oreille... C'est une fois remit qu'il s'est rendu compte de la différence. Il était donc hors de question de s'arrêter là. Ce ne sont pas un brin de vent et de neige qui allaient l'empêcher de poursuivre ses recherches. Kuan Ti s'était rappelé d'un lieu dans lequel il n'avait osé s'aventurer jusque là. Il pesa le pour et le contre, et prit la décision de s'y rendre. Pas le temps de méditer. La neige qui tombaient légèrement aux abords de la ville, était devenue une pluie torrentielle une fois qu'on s'en éloignait un peu. Le kaïô pressa le pas. Afin de ne pas avoir a s'enfoncer dans les eaux boueuses qui entouraient une demeure pour le moins... peu accueillante, il du user d'un peu d'énergie pour léviter au dessus. Une fois la porte atteinte il reposa pied à terre. A peine levait-il le poing qu'un bruit de grincement se faisait entendre. Il attrapait alors la poignée de porte et la tournait. C'était ouvert. Tant pis, il s'excuserait de s'introduire comme ça sans prévenir. Sa tenue dégoulinait sur le carrelage, il était trempé. Imbibé jusqu'au os. Comme personne ne semblait se presser pour venir à sa rencontre, il fit un pas, puis deux:

- Il y a quelqu'un?

Pas de réponse dans l'immédiat. Il remarque une pièce largement ouverte sur le côté droit. Il s'en dégage un peu de chaleur. Pourtant, si un feu de cheminée était allumée, il l'aurait vu de l'extérieur? Kuan Ti prit une inspiration. Le voilà qui s'imaginait encore n'importe quoi. Avant de se décider à quitter le hall d'entrée, il faisait une nouvelle tentative:

- Personne?

Il haussa un peu plus la voix:

- Je vous prie de m'excuser, le mauvais temps m'a surprit, je n'en aurais pas pour longtemps.

Peut être était-ce abandonné? Pourtant, les meubles n'avaient pas l'air très poussiéreux. Même les couleurs des tapisseries n'étaient pas trop déteintes. Le sol en revanche, au moindre mouvement, grinçait. Kuan Ti avança prudemment jusque dans la salle. Un lustre l'éclairait et la cheminée était effectivement en fonction. Le bois brûlait doucement. Le son du vent qui s'engouffre dans une pièce à l'étage ajoutait un peu plus de glauque à cet endroit. Vous parlez d'une histoire...

(theme)

D'une façon un peu théâtrale et grotesque, toutes les issues se refermèrent soudainement. Kuan Ti n'eut pourtant aucun mal à garder son sang froid. Il fut même rassuré de constater qu'il ne perdait pas la tête. Il y avait bien quelqu'un. Ou, quelque chose. Le kaïô portait une chaise jusqu'au feu avant de prendre place:

- Kuan Ti. Et vous, quel est votre petit nom? Si vous pensiez m'impressionner avec deux tours aussi misérables, c'est raté, ajoutait-il tendit qu'il défaisait la ceinture qui saignait sa taille. La tempête et l'averse ne me donne pas sincèrement envie de quitter les lieux, je m'en excuse, précisa-t-il ensuite en essorant le tissus. Pas que je sois enchanté à l'idée de déranger un vampire de plus, mais je dois admettre que ça m'arrangerais si vous pouviez au moins me laisser quelques heures?

Le fait est que Kuan Ti préférait prendre cette situation à la légère. La menace ne semblait pas encore trop imposante, et paniquer ne serait pas très utile de toute façon.
Tout en déposant le tissus près du feu de cheminée afin que celui-là le sèche, il entreprit ensuite de vider l'eau qui s'était glissée dans ses chaussures, au dessus d'un seau qui traînait pas bien loin. Après les avoir remises il releva un peu la tête pour fouiller la pièce du regard. Son interlocuteur ne se montrait toujours pas.

- Allons bon... j'ai affaire à un fantôme, soufflait le jeune kaïô en levant les yeux au ciel.

En d'autres circonstances, Kuan Ti se serait contenté de quitter les lieux après avoir haussé les épaules, mais... a l'instant, il se sentait curieusement.. concerné. L'ambiance pesait un peu plus, l'atmosphère se noircie.

- Ecoutez, je suis sincèrement navré de cette intrusion, mais je ne peut pas partir. Soyez réaliste, enfin! Vous avez bien vu le temps qu'il fait à l'extérieur? Je ne vais pas repartir comme ça.

Le kaïô ne le quitta pas des yeux un instant, plus méfiant à chaque pas qu'il faisait dans sa direction. Il était a présent hors de question qu'il parte. Ce lieu et ce personnage, dissimulaient quelque chose.

- Je vous en fait la demande, s'il vous plait. Je n'en aurais pas pour longtemps. Puis-je au moins me sécher?

(content que les musiques te plaisent. je ne pensais pas qu'elles seraient écouter, c'est plus un petit "repère" pour moi. j'ai du mal à écrire sans son. ^^)

Décidément, il n'avait pas l'air net. N'importe qui l'aurait deviné et aurait prit ses distances, mais... Kuan Ti ne se laissait pas réellement le choix. D'autant qu'il avait à faire, ici. Il jeta un bref coup d'oeil sur le tapis et le parquet sous ses pieds. Ce ne serait pas étonnant qu'une trappe se cache dans cette pièce. Le kaïô attrapa le tissus près de la cheminée et le renoua autour de sa taille. De toute façon, au point où il en était il allait devoir attendre avant de pouvoir sécher tout ça. Lorsque son interlocuteur l'invita à rester la nuit, il acquiesça:

- Je vous suis.

Kuan Ti avait arqué un sourcil. Le temps de monter sagement les marches du long escalier menant à l'étage, il avait généré deux petites sphères d'énergies. Cachées entre les rainures du parquets elle ne devraient pas être découvertes. Une fois devant la chambre qu'il emprunterait pour la nuit, il voulut interroger son ôte: surprise! Il perdait littéralement la tête sous son nez! Le kaïô avait reculé de plusieurs pas, horrifié. En relevant la tête il découvrait deux nouveaux inconnus. Ce geste devait être une habitude puisque même la plus jeune n'avait pas réagit. Nageant dans l'incompréhension la plus totale, et cette fois ci au vu du tempérament hostile des protagonistes, Kuan Ti généra une rapière de lumière. L'arme fut pointé immédiatement dans la direction du tueur:

- Je vous retourne la question!

Mais dans quel pétrin s'était-il fourré... dans quel maison de dingue avait-il mit les pieds. Enfin, au moins il en était certains, des gens s'étaient retrouvés prisonnier ici. L'odeur du sang qui s'échappait du corps inerte commençait déjà à remplir ses narines. Un goût âpre, infecte. Comme si le reste ne suffisait pas.

- Pourrait-on savoir ce qu'il se passe ici?! Et qu'êtes vous! Laissez moi deviner. Des monstres sortis de la faille d'Abaddon?

Devait-il en rire, ou prendre un air aussi exaspéré/je m'en foutiste que son interlocuteur? Question difficile. Kuan Ti ne lâcha pas son arme:

- Qui me dit que ce ne sont pas vous les tueurs? Vous l'avez éliminé sans aucun problème alors qu'il semble vivre ici depuis un sacré moment. Vous le connaissiez même probablement. Rien ne me dis qu'il m'aurait fait quoique ce soit. Je ne vous dois rien.

La lumière revenue, le kaïô détourna le regard un instant.

- Vous rejoindre pour..? s'enquérait-il en lançant un regard inquisiteur à la plus jeune. Et... bon sang, mais.. quel est cet endroit au juste!

Les noms qu'ils citaient lui étaient parfaitement inconnu. Et ne pas comprendre ni savoir, Kuan Ti à horreur de ça. Ce n'est pas sans mal qu'il cacha son agacement face à la petite scénette des deux personnages.

- Dites le moi si je suis trop, hm. Vous pourriez au moins m'expliquer ce qui arrive ici! Et je suppose qu'en bon tortionnaires, vos pensionnaires ont droit à un bon traitement? D'où proviennent ces hurlements? Et inutile de me prendre pour un imbécile. Je le saurais.

Le kaïô tenait toujours fermement sa rapière. Bras gauche dans le dos, il en profitait pour exécuter un petit geste de la mains. Une sphère d'énergie se créait dans la paume de sa main. Qui sait si elle allait lui être utile ou non... il valait mieux prendre ses précautions.

L'autre timbré, disait-il. Et il ne s'en inquiétait pas bien sûr. Ils sont arrivés d'il ne sait où et l'ont tué d'un coup sec. Kuan Ti avait de quoi se méfier. Par ailleurs, il ne s'attendait pas à ce que la plus jeune approche si soudainement. Il manqua de faire un geste brusque pour éviter une catastrophe, mais son compagnon l'avait stoppée net. Toujours suspicieux, le kaïô rajouta un peu de distance entre eux:

- Je n'ai nullement l'intention de lancer les hostilité. Si vous êtes aussi innocents que vous le prétendez, je vous demanderais de me dire ce que vous fabriquez ici. Pour ma part, je cherchais simplement un abris.

Inutile de mentionner la partie "j'étudie les failles" pour l'instant. Il ne sait rien d'eux, et n'est pas sûr de vouloir en apprendre davantage. Sûrement était le froids, les courants d'air, le fait qu'il soit encore trempé de la tête au pied, mais le kaïô commençait à trembler. Tant qu'il pouvait contrôler cette sensation de geler sur place, les deux autres ne devraient pas s'en rendre compte...

C'était chez eux, ici? Non, sinon ils auraient été au courant et auraient réagit plus tôt, non? Mais qu'est ce qu'ils manigançaient..? Cerné par le doute, Kuan Ti aurait préféré refuser, mais... il se laissa guider. La sphère qu'il avait générée plus tôt, tenait à peine. Elle s'effaçait. Si même ça il ne pouvait plus le contrôler, il risquait de s'attirer plus de problèmes qu'il n'en a déjà. A contre coeur, il accepta la chambre qu'on lui proposa. D'un simple geste il fit disparaître la rapière qu'il tenait plus tôt.

A peine la porte fut-elle ouverte qu'une odeur de bois ciré s'échappa de la pièce. A croire qu'elle venait tout juste d'être préparée pour lui. Comme si sa venue avait été prévue. Un frisson parcouru son échine à cette pensée.

- Merci... je suppose.

Trop de questions se bousculaient dans son esprit embrumé, et pourtant, il les garda pour lui. Une fois au calme il aurait l'occasion d'y penser, au moins. En refermant la porte derrière lui, il s'appuya contre celle ci. Un soupire de soulagement lui échappait.

C'était mal parti, mais s'ils avaient voulu le tuer ils s'en seraient chargés plus tôt. Non?

Une fois la fillette partie, Kuan Ti pu inspecter la chambre qu'on lui laissait si... gentiment. Tout avait l'air en ordre, même si les couleurs et l'ambiance générale laissait à désirer. Enfin, il n'allait pas faire de chichi. Ce n'est pas comme s'il se trouvait chez docteur Jack Hill et mr. Hyde, hm? Difficile de les égaler. Quoique, la tête décapité soudainement était d'un bon niveau. En y repensant, le kaïô eut la nausée. Comment pouvait-on rester impassible devant ça?

Bien évidemment, il ne toucha pas son thé. En revanche, il dénoua à nouveau le turban qui saignait sa taille, et le posa sur une chaise. D'un pas lent il se dirigea vers la petite salle d'eau. Un luxe que les riches se payait, avoir leur propre salle de bain dans leur chambre. Kuan Ti eut un rictus en fouillant la petite armoire. Deux serviettes. Au moins celles-ci sortaient tout juste de la laverie. Un parfum flottait dans l'air, c'était sûrement la pièce la plus accueillante jusque là. Cette fichue impression d'être observé l'emmerdait au plus au point, mais il ne supporterait pas non plus de rester une éponge sur patte plus longtemps. Il claqua donc violemment la porte avant de mettre le loquet. A moins que ses convives n'aient l'intentions d'aller s'amuser à enfoncer la porte, il devrait être tranquille une minute, non? A peine ôtait il son vêtement noir, première couche, qu'il éternuait. Et flûte. S'il se mangeait un quarante de fièvre dans la soirée il aurait bien gagné sa journée... Allez, c'était a peu près sa seule préoccupation pour le moment, autant en finir rapidement. Après s'être débarrassé de ses chausses et sa chemise, il retint un rire dérisoire. C'était plutôt ironique. Lui qui était exaspéré à l'idée de faire un brin de causette à un fantôme, quand il se retrouve face à un type bien vivant, il meurt peu après.

Kuan Ti attrapait une des serviettes mises à sa disposition, toujours méfiant, et s'apprêtait à se sécher un peu quand un bruit sourd retenti. Les hurlements raisonnaient toujours dans la bâtisse mal insonorisée. Glauque était bien le mot. Il ne resterait plus qu'un petit plat de gâteaux sec pendant qu'il bouquinerait, et le tableau serait très amusant. Le kaïô avait beau tenter de tourner ça de manière amusante dans son esprit, il restait crispé. A l'accoutumé il savait comment réagir, mais ce qui se passait ici était tellement dingue. Les événements qui se déroulaient en ces lieux étaient parfaitement illogiques. Ces curieux personnages aussi. Complètement aléatoires. Comment pouvait-il réagir face à ça? Dans un geste nerveux, il essorait ses vêtements au dessus de la baignoire avant de les poser sur le rebord. Intérieurement il priait pour qu'ils sèchent vite, mais en cas d'urgence... tant pis. Ce n'est pas un rhume qui allait le tuer.

Nouvel éternuement. Soupire. Kuan Ti se séchait rapidement mais se rendait bien vite compte qu'il en avait oublié de vérifier s'il n'y avait pas de tenue de rechange de disponible. Quand bien même, serait-ce à sa taille et souhaitait il vraiment enfiler les vêtements d'une bande de tueurs? Il grinça presque des dents en déverrouillant la porte. Serviette toujours sur la tête, il quittait la salle d'eau pour se retrouver nez à nez avec la fillette. Tasse à la main, l'air sérieuse. Le regard du kaïô alla se poser sur une peluche énorme. Premier réflexe, il se pinça l'arrête du nez, exaspéré.

- On ne t'a jamais apprit que ce n'était pas bien d'entrer dans la chambre d'un invité sans qu'il ait donné son accord? Reprend ce machin, et file, lui ordonnait-il en pointant du doigt le gros lapin. Et ne compte pas sur moi pour boire ça.

Au moment de filer avec son thé, elle en oubliait son jouet. Kuan Ti échappa un soupire de plus:

- Ah ça, pour l'avoir faite... de la tasse jusqu'au thé. Elle l'a fait apparaître comme un magicien l'aurait fait dans un de ses show, se murmurait-il, en plein réflexion.

Monsieur Pinou. Et puis quoi encore? Le kaïô se massa la nuque en approchant de l'énorme peluche. Le regard de la bestiole, candide, ne lui inspirait pas plus confiance que le reste. Il l'attrapa d'une main et pressa le pas pour rattraper la fillette dans le couloir:

- Tu oublies le.. herm. Pinou. Tu n'as qu'a prendre le thé avec lui, il l'appréciera sans doute bien plus?

Ca restait une enfant après tout. Elle aurait pu être comme cette infernale vampire qu'il n'aurait pas pu s'en empêcher. Ce n'était pas tant par compassion, par bonté d'âme ou par pitié... non. Ce n'était pas non plus à cause de son air boudeur et sa petite taille. Ce n'était pas son age ou son esprit encore pur. Quoique. Difficile de déterminer le degré d'innocence de quelqu'un quand cette personne reste statique devant une tête qui tombe.

Ne sachant trop que faire de plus, il lui tourna le dos pour retourner dans sa chambre tendis qu'il ôtait la serviette posée sur sa tête.

Il n'eut pas le temps de franchir le seuil de la pièce. Le dit Seno faisait son apparition en réprimandant la plus jeune. Ca ne l'étonnerait même pas que la peluche soit elle même un monstre de plus. Que cherchaient-ils à faire ici? Kuan Ti apprenait à les cerner petit à petit, et une idée lui vint à l'esprit.

- Je mène quelques recherches sur les portails, puis-je jeter un oeil à celui que vous vous donnez si peu de mal à cacher? J'en poursuit depuis quelques temps mais j'arrive trop tard à chaque fois.

Ces fameux portails étaient complètement aléatoires, mais avec un peu de patience il est possible d'en retracer. Cependant, encore faudrait-il avoir le temps de les atteindre au moment de découvrir que l'un d'eux s'est ouvert. Enfin, ça n'était pas une raison pour y aller avec si peu de tissus sur le dos. Main posée sur la poignée de porte, il lança à l'intention du plus grand:

- Laissez moi juste le temps de trouver quelque chose de sec à mettre.

Bien entendu ils auraient pu refuser que ça n'aurait rien changé. Kuan Ti avait bien l'intention d'aller examiner ce fameux portail, et il ne mettrait pas longtemps à le trouver. Une fois dans la chambre, il fit quelques vagues gestes de la mains. Les quelques sphères de lumières dispersées dans toute la demeures se mirent à se déplacer discrètement. Malheureusement... le kaïô eut du mal à rester concentré. Certaines des petites sphères disparaissaient sans qu'il ne l'ai souhaité. La faute lui revenait entièrement. Entre la fatigue accumulée sur plusieurs jours et cette soirée particulièrement longue, il n'avait pas eut le temps de réellement se reposer. Et il se donnait le luxe de refuser de fermer l'oeil dans un endroit aussi sordide...

Tout en allant fouiller dans une grande armoire, Kuan Ti généra une plus grande sphère au creux de sa main. De cette façon il pourrait observer un peu où se promenait les plus petites. Tout ce qu'il découvrait fut: du vieux mobilier, un tapis miteux, un grenier remplis d'araignées et un rat crevé... sans parler de la banalité du manoir si on en oublie le reste. Quoique, finalement, l'un de ses petits espions, qui s'étaient enfoncé dans les sous-sols de l'immense bâtisse, disparue en trouvant une source d'énergie peu habituelle. C'est ce qu'il cherchait! Ni une ni deux, le kaïô laissa la sphère disparaître dans sa main avant de fouiller nerveusement les petites étagères et la penderie. Une chemise légèrement plus grande que lui et recousue au niveau du coude et du col. Comme si la chambre qu'on lui avait prêté avait appartenu à Frankestein. Tout avait l'air d'avoir été rapiécé. Tant pis, ça serait suffisant. Il fila dans la petite salle d'eau, essuyait rapidement ses chausses avant de les enfiler, et quitta la chambre pour retrouver Seno appuyé contre le mur.

Eh bien, au moins la peluche le rendait encore plus glauque! Quelle prestance ce tueur sanguinaire pouvait avoir avec cette chose. Kuan Ti arqua un sourcil. Où était passé la petite? Certainement partie magouiller il ne sait trop quoi. Enfin, au moins les hurlements avaient cessés. Si seulement il savait si cette nouvelle en était une bonne ou mauvaise... il pria une nouvelle fois intérieurement pour les pauvres gens qui se sont retrouvés ici.

- Pourrait-on savoir ce que vous manigancez? Inutile d'esquiver mes interrogations, je finirait bien par apprendre ce qui se trame dans ce manoir. Depuis combien de temps êtes vous ici? Les lieux vous sont familier. Vous en connaissez chaque couloirs, c'est visible puisque même en ayant un bon sens de l'orientation on s'y perdrait.

- Comme preuve de bonne foi j'ai été honnête avec vous malgré... l'incident. Je suis effectivement intéressé par le portail que vous dissimulez en ces lieux et je vous l'ai déjà dis.

Pour ce qui était de la durée de leur séjour ici, ça ne faisait aucun doute qu'ils vivaient ici. Mais dans ce cas, cela signifiait que quelques meurtres ne les dérangeraient pas. Ce n'est pas pour autant qu'ils s'en sont prit à lui. Quelques peu embrouillé, Kuan Ti lâcha un peu prise. La fatigue le poussait a ne pas se préoccuper plus que ce qu'il était venu voir.

- Ecoutez... mettez vous à ma place un instant. J'étudiais sagement à Abaddon et je me retrouve projeté dans ce monde. Je cherche à comprendre cet étrange phénomène que sont les portails, je me fait surprendre par une tempête et le seul endroit dans lequel je pouvais me réfugier abritait visiblement un tueur de sang froid. Ce après quoi vous faites irruption en décapitant celui que je pensais être le propriétaire des lieux, et vous esquivez la moindre de mes questions. Un instant vous voulez me rejeter dehors, et celui d'après vous acceptez finalement que je reste sans trop vous interroger. Je.. j'ai..

Le kaïô se mit à tousser, puis s'excusait avant de reprendre:

- J'ai des raisons de me méfier de gens qui m'ont averti qu'une mort certaine m'attendait si je venais à être un problème. Vous ne pensez pas?

Kuan Ti se surprenait lui même. Il était honnête mais ne prenait jamais la peine de faire de longues tirades. Surtout quand il s'agit d'expliquer sa situation et ses intentions.

- J'aimerais seulement savoir si il y a un moyen de maîtriser ces anomalies. Car c'est ce que sont ces portails. Des anomalies. Vous comprenez?

Un élan de fatigue le poussa à s'appuyer contre le mur. Kuan Ti n'était pas sujet au stress à l'accoutumée, mais avec les derniers événements il devait bien admettre qu'il avait hâte d'en finir avec tout ceci. Un jour de repos loin de tout ça ne serait pas un mal. Et pourtant dieu seul sait à quel point il a horreur de perdre son temps.

Tient, sa langue se déliait enfin? Comme quoi, il lui suffisait de faire preuve d'un peu plus de sincérité. Ca ne restait pas gagné, mais... douze années? Le portail qui se trouvait dans cette endroit tenait depuis plus d'une décennie? Kuan Ti eut du mal à y croire mais après tout ce qu'il avait vu, il serait prêt à acquiescer si on lui présentait le père noël. Le kaïô ne s'arrêta pas à la dernière remarque de son interlocuteur, soudainement plus intéressé par ses propos précédents.

- Et vous y avez envoyé des gens? Vous en venez certainement vous même? Des créatures ont du la remarquer. La faille change sûrement de taille en fonction des zones.

Il fallait qu'il voit ça de plus près. Déterminé à trouver cette anomalie, il voulut faire appel à l'une des petites sphères qu'il avait envoyé en excursion dans le manoir. Seulement, il ne parvint à détecter aucune d'elles. Toutes s'étaient évaporées petit a petit. Bien sûr il voulut en créer d'autres. En vain. Il avait trop abusé et le manque d'énergie ne lui permettait pas de générer d'autres sphères lumineuses. De plus il faisait sombre. Sans source de lumière ses pouvoirs se retrouvent diminués. Kuan Ti se fierait donc à sa mémoire. A moins que son ôte ne veuille bien le conduire jusqu'à la faille.

- Il ne s'agit pas que de ma curiosité ou des créatures qui pourraient à leur tour se retrouver bloquées dans ce monde. C'est une urgence. Imaginez le massacre si des monstres arrivaient en surnombre. Tous ne sont pas dociles, et tout les humains ne seront pas ravis de nous accueillir dans leur société. Et même si une paix durable était possible... tous ne se sentiraient pas à leur place. Chacun devrait rester dans son monde d'origine. Ce serait mieux pour tout le monde.

C'est vrai, il n'avait pas tort. Celui était différent. Ironiquement c'est le portail qui reste ouvert qui laisse passer le moins de monde. En revanche, le fait qu'il mène à un tout autre monde était une découverte. Kuan Ti se calma un instant. Il est donc possible de le traverser. Et ce fameux Ikuto serait déjà revenu de là bas.

La curiosité du kaïô étant poussée chaque fois qu'on lui en dévoilait un peu plus, il se redressa en restant appuyé contre le mur.

- Mais que trouve-t-il là bas, exactement?

Kuan Ti se rendait compte que son ôte lui en avait déjà dis plus qu'il n'en attendait. Il serait véritablement impoli de sa part de pousser les choses mais... comment ne pas vouloir grapiller d'autres données? Juste un peu? Le kaïô s'apprêtait à poser une énième question quand il se remit à tousser. Il se reprit bien vite en s'empressant de s'excuser:

- Pardonnez moi, j'ai déjà tellement cherché. Tomber sur cette anomalie encore présente là, à l'instant, juste sous nos pieds... c'est une chance inespérée. J'imaginais bien réussir à trouver une faille encore ouverte un jour, mais pas aussi rapidement. Ni avec autant de précisions.

En effet, s'il devait s'inquiéter pour quelque chose ce ne serait pas tomber malade mais pouvoir étudier ce qui l'intéressait depuis son arrivée dans le monde des humains. Est ce que son interlocuteur avait déjà eut l'occasion de voir ce qui se trouvait derrière? Est ce que ce monde était un monde parallèle, un monde hors du temps? Une version future d'Abaddon, sans rien au dessus? C'était aussi un énorme risque. Deux mondes différents se découvraient une fenêtre pour passer dans celui des humains, alors qu'en est-il du reste? Si tout le multivers venait se fracasser dans le monde des humains pour que toutes les créatures et extraterrestres possibles s'y rendent, ça allait être le chaos....

Alors qu'il était en pleine réflexion, Kuan Ti fini par se laisser glisser le long du mur. La fatigue reprenait le dessus rapidement. Ces idées et théories qu'il émettait ne quittaient pas son esprit, cependant. Il relevait à peine la tête:

- Vous vous rendez compte de ce que ça signifie? Vous êtes une quinzaine dans ce manoir, je suppose que c'est parce que vous avez formé une petite organisation?

Leur but serait donc de protéger cette faille et ce qui se trouve au delà et ici. Le kaïô avait un peu de mal à l'admettre mais c'était plus probable. Mais qu'aurait fait ce tueur et ces prisonniers ici? Mais oui, il en avait oublié ces pauvres gens! Kuan Ti releva soudainement la tête vers son interlocuteur:

- Que sont devenus les propriétaires de ces voix que nous entendions plus tôt? Que leur avez vous fait et... que faisaient-ils ici..?

Ou qui sait? Pire. En dîner pour vampire. A cette idée, Kuan Ti eut un rictus. Il venait de repenser à cette vampirette qui avait bien failli le rendre sourd. Non, ce serait ridicule. Non?

-  Vous vous en serviez tout de même pas pour... quelques expériences avec le portail?

(désolé j'étais inspiré pour le coup. trop de chose à dire/faire. :')

Tués?! Tous? Il les avaient tous tués? Comment peut-on ainsi mépriser la vie? Il est vrai que ça aurait pu être nécessaire, mais là ils ne devaient pas avoir été nombreux... qui aurait cru cinq ou six pauvres fous hurlant au loup sans qu'il n'y en est? Et les humains sont si corruptibles. Ajoutons à cela une crainte injustifiée: qu'ils brûlent le manoir par vengeance? mais bon sang! Si tuer des gens ne les effraient pas et qu'ils ont autant de moyens, ils auraient pu les arrêter sans mal! Kuan Ti se haïssait intérieurement de ne pas avoir réagit plus tôt. S'il avait eut le réflexe de se précipiter là où se trouvaient les victimes il aurait pu les tirer d'affaires. La faute lui revenait en partie. En partie uniquement.

Le kaïô se tut lorsque son interlocuteur le quitta pour se rendre à l'entrée. Il fut suivit par un chat visiblement... fantomatique. Il fallait absolument qu'il quitte les lieux. Ou non. S'il en était arrivé aussi loin ce n'était pas pour faire demi-tour tout de suite.

Une fois Seno hors de sa vue, Kuan Ti se releva. Si le fait d'en apprendre trop était un problème rien ne lui garantissait qu'il reste en vie longtemps. Surtout quand on commence à bien connaître les imbéciles qui vivent entre ces murs. Le jeune kaïô fit un dernier effort pour générer une petite sphère de lumière, qui le guida jusqu'à un escalier menant au sous sols. Au moment de passer une grande porte il se figea: la plus jeune s'y trouvait sûrement encore. Et pour couronner le tout, il dû plaquer sa main contre sa propre-bouche pour s'empêcher de tousser.

Décidément, dans ce monde la seule chose sur laquelle les gens percutent est sa couleur de peau. Ca aurait put être ses oreilles, sa tenue, n'importe quoi! Mais non. Forcément. Enfin, ce n'était pas sa principale préoccupation. Kuan Ti resta silencieux le temps d'écouter un peu aux portes, a défaut de pouvoir approcher le portail puisqu'il était gardé par les propriétaires des lieux.

N'ayant pas remarqué la bestiole, Kuan Ti fut surprit quand la porte s'ouvrait d'un coup, avant qu'il ne se fasse attraper brusquement par le col. Dans un premier temps il écarquillait les yeux, puis en reprenant rapidement ses esprit il attrapa le poignet de l'inconnu pour lui faire lâcher prise:

- Bon sang, c'est une manie chez vous tous?! C'est de famille? Je viens simplement discuter!

Bien évidemment il ne s'attendait pas à se faire surprendre aussi rapidement. Mais quitte à se faire attraper autant se lancer. Que risquerait-il de toute façon? Afin de ne pas trop s'attiser la haine de la plus jeune, le kaïô jugea bon de préciser:

- Seno à ton lapin. Si tu souhaites le récupérer il est probablement à l'entrée du manoir.

"Dans son genre"? Un instant. Qu'est ce qu'il insinuait? Kuan Ti fronça les sourcils, agacé cette fois ci:

- Je n'aurais pas à fourrer mon nez dans vos affaires si vous daigniez vous comporter comme des gens civilisés. Visiblement vous avez pas mal de reproches à vous faire. Malheureusement la tempête fait rage dehors et votre.. ami, m'a gentiment proposé une chambre pour la nuit. Je n'ai pas l'intention de rester longtemps, je vous rassure.

D'un geste brusque, le kaïô rejeta la main qui avait empoigné son col plus tôt. Avant de ne trop lui porter sur les nerfs il voulut faire demi-tour, mais sa vue se troubla soudainement. Résigné à quitter les lieux au départ, il eut une idée. Tomber malade dans un moment pareil n'était pas la meilleure chose qui soit, surtout parmi des tueurs sanguinaires. Mais si ceux là n'en avaient pas après lui, cela lui permettrait de gagner un peu de temps? Exceptionnellement il cessa donc de lutter contre la fièvre, et quand ses jambes ne furent plus en état de le soutenir il se laissa chuter. Lui, tomber de fatigue. C'était décidément la meilleure blague de l'année.

Quelques formes floues, puis le noir complet. Quelques paroles et sons ténus, comme filtré, puis plus rien. Les seuls mots qu'il avait pu parfaitement comprendre étaient alarmants. Finalement, sa petite visites prolongée attendrait. Dès qu'il aura reprit ses esprits, il fallait qu'il file directement au temple pour avertir la déesse. En veillant à ne pas être suivi bien sûr.

En attendant, il ne pouvait que se laisser porter. Sino et la petite étaient de loin les plus aimables finalement. Si un prix pouvait être décerné à Ren, ce serait celui du plus macho, sans hésitation. Le temps de sa perte de connaissance, Kuan Ti espérait seulement ne pas finir comme les autres. Enfermé il ne sait où avant de voir sa tête quitter lentement ses épaules pour finir sa course aux pieds du type le plus violent du manoir...

Au petit matin, un rayon de soleil s'immisçait doucement entre les rideaux pour éclairer la chambre. Il n'y eut pas de bruit de grincement, de rire, de pleur, ni même le son d'un léger courant d'air qui se glisserait entre les espaces des fenêtres et murs mal isolés. Tout paraissait curieusement calme. Kuan Ti posa sa main sur son front en se redressant. Une furieuse migraine lui donnait l'impression que sa tête entière raisonnait. Puis, il se rendait compte qu'il était sur un lit. Pas chez lui. Il ne s'en rappelait qu'après quelques secondes. C'est vrai... le portail, et... ces gens. Le kaïô voulut se lever mais ses jambes refusaient de lui obéir. Il dû s'appuyer sur le rebord du lit pour se hisser dessus. Son état avait empiré bien sûr. Lui qui s'imaginait immunisé contre les maladies de ce monde... c'est raté. Autre chose lui revint ensuite à l'esprit. Mikod. Il devait l'avertir! Kuan Ti prit donc une inspiration et alla jusque dans la petite salle d'eau. Ses affaires étaient toujours posées sur le rebord de la baignoire et avait goutté toute la nuit. Elles étaient donc sèches, ou presque. Ni une ni deux, il se pressa pour les enfiler avant de sortir de la chambre. Il n'y avait toujours pas un bruit et le temps semblait plus clément que la veille, à l'extérieur. Encore faudrait-il qu'il puisse avancer correctement sans se sentir nauséeux... et si tous dormaient encore ce serait une chance pour lui. Il quitterait les lieux sans un bruit.

A peine arrivé dans le hall, Kuan Ti voyait quelqu'un claquer la porte. La petite se trouvait quant à elle, en bas, posée sur les marches du grand escalier. Le kaïô les descendis une a une et prit place pas trop loin d'elle. Non pas par méfiance mais cette distance était préférable s'il ne souhaitait pas partager sa fièvre avec elle...

- Tu ne le suis pas..? fit-il un peu curieux -puisque partir en coup de vent serait suspect-.

Malgré le nombre d'étrangetés et de défauts, elle restait une enfant. Toujours. Alors le kaïô fit l'effort de lui donner son nom en esquissant un faible sourire:

- Kuan Ti.

Quand un autre les rejoignais, il se levait en s'appuyant sur la rambarde:

- J'allais partir, répondait-il simplement en se courbant pour le saluer. Je vous remercie de m'avoir laissé passer la nuit ici, mais j'ai beaucoup à faire.

Il posa la main sur la tête de la plus jeune, navré qu'elle vive parmi des êtres aussi mauvais:

- Toute vie est unique, prend soin de la tienne et ne lui fait pas perdre de son éclat.

C'est vrai. Malgré tout elle restait en partie innocente. Etait-ce vraiment une chance dans son cas? De toute façon, il n'y pourrait pas grand chose.  Le kaïô les saluait une dernière fois, puis quittait enfin le manoir. Prochain arrêt... le temple Mikod.

- Seuls les morts ont droit au repos, hm.. se murmurait-il pour lui même, fatigué.