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Douter. Ca ne lui était jamais arrivé. Du moins, pas comme ça. Il avait parfaitement conscience de ses choix, de ce qu'il souhaitait. Tout a toujours été clair et lui convenait parfaitement. Il savait pourquoi il vivait ainsi. Pourquoi persister à garder ce rôle alors qu'on lui avait conseillé maintes fois de l'abandonner. Il a toujours aidé les gens, toujours laissé leur chance, à tous. Toujours prêt à tendre la main. Sans ne jamais rien attendre en retour. Ca ne lui serait même pas venu à l'esprit. Leur rendre leur sourire, penser leurs plaies physiques comme morales. Il y tenait. Il aimait montrer le meilleur du monde et en chasser le pire.

Depuis quand est ce que ça à changé? La faute revenait en partie à l'ombre qui le hantait. Il avait beau l'avoir scellée sur sa propre personne, elle n'était pas devenue inoffensive. Pourtant, même en ayant conscience de tout ceci, il hésitait. C'était ainsi. Parce qu'il est humain. Tout simplement... humain. Qu'y pouvait-il?

Malgré une nuit de sommeil, incomplète faut-il préciser, il continuait de se triturer l'esprit et n'était pas du tout reposé. En temps normal il aurait médité et tout serait allé mieux. Le jeune prêtre n'est pas du genre à passer des jours entier la tête dans le brouillard. Dans le but de trouver un certain réconfort il s'était donc rendu derrière le temple, dans une zone un peu éloignée mais faisant partie du temple. Un jardin, assez petit, néanmoins reposant. Naoto s'était assit à l'ombre d'un oranger.

Bien évidemment, il n'était pas complètement seul. Hormis les quelques oiseaux, lézards venus bronzer sous un rayon de soleil et rares insectes réfugiés sous l'herbe fraîche, elle aussi était présente. L'ombre.

- Tu sais parfaitement que je ne céderais jamais, alors pourquoi insister? Qu'avez vous prévus toi et les tiens, exactement?

A l'entendre, quelque chose, ou quelqu'un, les avais contrariés. Mais, qui, et pourquoi? Quand? Naoto lui prêtait oreille attentive cette fois ci. Etant un peu nostalgique il ne lui répondit qu'a voix basse:

- Ma propre vie ne m'appartient pas vraiment. Je ne possède que peu de choses mais j'y tient, c'est vrai. Cependant, tu n'aurais rien à gagner à me les prendre. Crois moi.

Le blond marqua une courte pause le temps de sentir la brise s'engouffrer dans le jardin avant de s'échapper plus loin en direction de la ville.

- Qui vous à chassé? Pour quelles raisons? Si il ne s'agit que de ça je peux vous aider, il suffit de m'expliquer votre situation. Pourquoi en venir a la violence lorsque tout pourrait se résoudre d'une meilleure façon?

S'en prendre à des esprit et vouloir raser une construction simplement pour les écraser? Il devait y avoir une autre raison, forcément. Mais l'ombre était probablement trop en colère pour s'en rendre compte? Naoto n'avait pas totalement connaissance de la situation mais il s'en faisais déjà une meilleure idée. Au moins, les mauvais esprits en sont de mauvais pour une raison. Il suffirait de les aider et les apaiser pour résoudre le problème de chacun.

- Et si j'étais réellement capable de vous aider? Si je vous trouvais un refuge et que les gens se mettaient à vous respecter. Est ce que ça vous conviendrais?

Le prêtre n'était pas tout à fait sûr de lui, mais il se devait d'agir:

- Voilà ce que je te propose. Je vous aide, résout le problème, et si cela ne suffit pas... je vous rejoindrais, fit-il, peu convaincu par sa propre idée.

Qu'on tienne des propos déplacés à son propos, il le conçoit. Mais qu'on insulte les dieux devant lui et qu'on aille rire de ceux qui y croit, Naoto n'appréciait pas sincèrement.

- Nos croyances ne sont pas celles des autres. Aie un peu de respect pour ceux qui ne t'ont rien fait. Je comprends que tu sois en colère. Des gens cherchent à vous chasser de vôtre refuge et n'ont pas démontré une once de compassion a votre égard. Mais les autres n'y sont pour rien. Et il est absolument hors de question que j'abandonne le temple et ses disciples.

En temps normal le blond aurait gardé son sang froid, mais ce sentiment de haine que portait l'ombre, l'atteignait. Il prit donc une inspiration avant de reprendre plus calmement:

- Qui vous aide? Dans quel but? Vous ne vous êtes pas demandé si ce qui vous aide n'est pas encore plus néfaste? Si ça ne vous manipule pas?

Il est vrai qu'il n'en savait rien. C'est pourquoi il ne faisait qu'émettre des hypothèse, avec le peu de connaissances qu'il possède. Il était hors de question de céder aux caprices de l'ombre, mais rien ne l'empêchait de faire un effort. Si elle se sentait réellement mal à l'aise au temple... il pouvait bien s'en éloigner un peu. Ne serait ce que quelques minutes.

- Et où souhaiterais-tu aller? Je t'écoute. J'irais où tu me le demandera. En guise de bonne fois, je t'accorderais ma confiance. Ne la trahit pas. Crois bien que j'aimerais sincèrement vous aider, mais si vous ne souhaitez pas être aidés je n'y pourrais rien.

C'est ce moment bien sûr, que choisi Ai pour se réveiller. Elle avait finalement passé la nuit a dormir et ce n'est que ce matin qu'elle ouvrait les yeux. La connaissant elle ferait certainement encore quelques bêtises. Le blond senti une nouvelle pression sur ses épaules. La nervosité sans doute.

Sans trop attendre il prit le chemin vers le temple pour y retrouver l'adolescente. Il pourrait poursuivre sa conversation avec l'ombre un peu plus tard.

Naoto allait finir par se demander si Ai n'avait pas en réalité six ans. En effet, à la manière des petits (et encore, ceux-là prennent au moins la peine de rester véritablement discrets) l'adolescente venait de piller les réserves de Yuuko ainsi que ses soeurs. Et en plus de ça elle lui faisait l'affront de faire comme si rien était. Ajoutons à cela sa façon de penser que tout lui es dû, comme une enfant gâté.. Néanmoins le blond fut amusé par ce qu'elle venait de faire. Il resta debout devant elle, bras croisés:

- Inutile de te payer ma tête, je suis aveugle mais pas idiot.

Il s'accroupi ensuite pour se mettre à sa hauteur:

- Tu ne devais pas rejoindre le pensionnat avant que les autres ne s'aperçoivent de ta disparition? Tu peux garder les paquets, mais tu devrais filer avant d'avoir des problèmes, ajouta-t-il en déposant un mouchoir en tissus près d'elle avant de se relever.

Sur le mouchoir en question, le prêtre avait déposé l'une des petites babioles que Ai avait chipé la veille. A l'origine il s'agissait d'un souvenir, mais si elle l'aimait bien, il préférait la lui laisser. Peut être comprendrait-elle un jour qu'on gagne plus à être aimable que mauvais. Ceci fait, Naoto pensa que l'ombre pourrait vite perdre patience. En conséquence, il n'attendit pas la réaction de Ai avant de retourner au jardin.

Si son but était simplement de s'enfuir, Naoto se dit qu'il pouvait finalement rester dans le jardin. Comme il n'y avait plus personne au temple hormis lui et l'ombre, il songea à se rendre dans la réserve. Un petit bâtiment non loin du temple dans lequel se trouve divers parchemins, reliques, et même certains objets inconnus sans pouvoir apparent.

- Personne ne peut te desceller. L'avantage a ce pendentif, fit-il en portant le bijou à hauteur de son visage, est qu'il me permet de garder un contrôle total sur toi. "Seul celui qui fait, peut défaire", tu l'ignorais? De plus, si je meure, il y a de très grandes chances pour que tu disparaisse avec moi.

Naoto prit un air navré:

- Crois bien que je ne le fais pas par plaisir.

Arrivé au jardin, le blond ne perdit pas plus de temps et érigea une barrière autour du temple et ses alentours. Le désavantage au fait que l'ombre lui soit lié, est qu'elle déteignait sur lui. Dès qu'il usait de ses pouvoirs la marque sombre qui s'est formée à l'emplacement de son coeur, grandit. Des traces violacée apparaissait parfois sur ses bras pour s'effacer ensuite petit à petit. Plus il utiliserait de sorts puissant et plus il se mettait en danger, finalement. Naoto avait beau faire son possible pour contenir la douleur, elle restait suffisamment forte pour le contraindre à s'asseoir.

- Pourquoi chercher absolument à tout détruire alors que je vous propose une solution? A persister dans cette voie vous n'obtiendrez rien. Tu dis vouloir faire de moi l'un des vôtres mais tu t'acharnes à m'en éloigner.

Elle l'ignorait complètement. De solution elle n'en voulait pas. Le fait qu'on ai cherché à les chasser de leur refuge n'était qu'un prétexte pour eux, afin de déchaîner leur ressentiment, de générer un chaos incontrôlable. Ca leur serait bien égal de disparaître par la faute de leur propre bêtise. Du moins, c'est l'impression que renvoyait le mauvais esprit à Naoto. Cette fois ci c'est le contact et la proximité de l'ombre qui le dérangeait et le mettait mal à l'aise. Il se tus pourtant, à ce propos.

- C'est hors de question.

Elle ne se cachait même pas qu'elle se servirait de lui pour créer des problèmes. A quoi bon le lui demander? Ce serait comme demander l'autorisation de quelqu'un pour le frapper... C'était tout bonnement... ridicule.

- Je t'ai proposé plusieurs choses mais aucune ne t'intéresse. C'est a croire que ça t'amuse plus que ça ne t'ennuie, d'être bloquée avec moi. Je serais un si bon passe-temps?, l'interrogea-t-il, un peu amer.

Elle accusait l'espèce humaine entière, alors qu'elle n'en connaissait pas le dixième des individus. Ce genre d'idéologie avait le don de peiner Naoto. Comment peut-on penser de cette façon? Comment peut-on être aussi manichéen? Aussi... mauvaise foi. Elle même le menaçait et ne souhaitait que la destruction d'une espèce. L'ombre est bien une ombre, après tout. Elle est un reflet sombre du monde de la lumière. Néanmoins... on retrouve toujours du bon comme du mauvais dans les camps. Il s'agit simplement de trouver ce  qu'il pourrait y avoir de bon en cet esprit.

- Nous verrons bien si tu y parviens, souffla le blond en froissant son vêtement alors qu'il avait la main posée à l'emplacement de son coeur, celui-ci se trouvant être douloureux depuis quelques temps. Et moi je te fais le serment de trouver un moyen de tout arranger...